Revenir au blog

Brigitte Biggi présente le logiciel de recherche scientifique "SPPAS"

Catégories : logiciel interview Mots clés : multilinguisme annotations segmentation lpl Logiciels : logiciels non renseignés.

Peux-tu nous parler de ton logiciel SPPAS ?

 

Il s'agit d'un research software (de chercheurs à chercheurs) qui porte sur la linguistique computationnelle (c'est-à-dire le traitement automatique & la technologie de la Parole).

SPPAS est Accessit du Prix Spécial du Jury au concours « Prix science ouverte du logiciel libre de la recherche » - OSEC 2022.

« SPPAS n'est pas un acronyme, mais bien le nom complet du logiciel : pour la petite histoire, lors d'un brainstorming sur les capacités de mon logiciel (annotation, parole, speech...). J'ai remarqué que tous les adjectifs commençaient par un S, un P, et/ou un A. Le nom du logiciel s'est fait directement en associant toutes ses lettres. Étant donné qu'il n'existe aucun mot commençant par "SPP", il met paru évident de créer le nom unique de mon logiciel, SPPAS. »

 

 

Dans quel contexte as-tu développé ce logiciel ?

 

« C'est en arrivant dans mon laboratoire de recherche actuel, LPL, où je suis entouré de linguistiques, et très peu de personnes spécialisées dans l'informatique, que j'ai ressenti le besoin de développer SPPAS. Ma priorité de recherche, c'est la qualité du résultat. Si je devais mettre à disposition mon logiciel à des buts privés (entreprises, par exemple), il y aurait un objectif de rentabilité et de productivité. En revanche, j'ai un objectif de partage auprès des chercheurs, donc ma priorité dans le code, c'est la lisibilité ainsi que la facilité de son utilisation pour les non-informaticiens. Ce n'est pas la rapidité du résultat (ou performance pour l'industrie) qui est mis en priorité. Pour une entreprise, cela sera une version de SPPAS avec ses propres objectifs. Toutefois, si le code est lisible, il est facile à reprogrammer pour les entreprises et les chercheurs, car l'essentiel réside dans la méthodologie proposée. »

 

 

Quel est son apport pour la société civile ?

 

« L'objectif de SPPAS, c'est l'annotation automatique de la parole. J'ai ajouté la possibilité de traitement de la vidéo et j'ai pour projet de faire un codeur automatique en Langue Française Parlée Complétée (LFPC).

Dans ce nouveau projet, je fais de la recherche appliquée en plus de la recherche fondamentale. Cela pourrait impliquer de futures collaborations avec des associations traitant de l'accessibilité des sourds et malentendants, comme l'ALPC (L'association nationale pour la Langue française Parlée Complétée). Le but ici est de créer un logiciel à destination de la société civile. Pour le moment, ce n'est pas encore le cas. C'est en cours ! »

 

 

Quelle est sa valeur ajoutée pour l'industrie ?

 

Il existe + de 7000 langues dans le monde et parmi elles, très peu sont informatisées. Les approches multilingues sont facilitatrices pour ces langues qui sont peu (ou pas) représentées.  L'approche linguistique permet de développer des technologies de la parole, de sorte que les approches, principes méthodologiques soient accessibles à tous. Il n'y a pas de valeur ajoutée en tant que tel, excepté pour les technologies sous-adjacentes.

Pour SPPAS, j'ai développé des technologies de la parole qui sont multilingue. Par exemple, la détection des syllabes est compatible avec presque toutes les langues.

C'est intéressant pour rendre certaines langues plus accessibles sur internet, dans le but de les diffuser au plus grand nombre et que chacun puissent rechercher et créer du contenu dans sa langue maternelle. 

SPPAS a déjà été utilisé par des entreprises, même si ce n'est pas la visée principale de ce logiciel, car les besoins industriels privilégient souvent la rapidité du résultat au détriment de sa qualité. Par exemple, si nous souhaitons dicter à notre téléphone des mots, nous souhaitons que les résultats s'affichent en quelques secondes, nous ne souhaitons pas attendre.

Tandis que dans la recherche, le logiciel SPPAS peut prendre le temps, et les chercheurs comprennent, que pour un résultat optimal, parfois, il faut attendre quelques minutes.

 

 

Quels sont les secteurs qui pourraient l'utiliser ?

 

En particulier tous les secteurs visant à améliorer leur accessibilité. Ainsi que les secteurs ayant besoin de faire du traitement de la parole, tel que l'industrie du jeu pour de la synthèse et/ou reconnaissance vocale.

 

Quelles sont ses perspectives d'évolutions ?

 

SPPAS continue d'évoluer au rythme de mes projets de recherche. Il évolue ainsi depuis 2011, et comprend tout mon travail de recherche. Actuellement, mon projet est de le rendre accessible aux sourds et aux malentendants, ainsi qu'y intégrer le traitement de la vidéo.

 

 

Comment est-il ou sera t-il distribué, partagé ?

 

Mon laboratoire (LPL) me soutient dans le développement de SPPAS depuis le début, sans quoi ce logiciel n'aurait pas pu voir le jour. Et d'ailleurs, mon laboratoire me met à disposition le nom de domaine SPPAS.ORG. Vous pouvez retrouver là-dessus, toute la documentation et le lien de téléchargement de SPPAS.

 

 

Connais-tu des logiciels similaires ou complémentaires à ton logiciel ?

 

SPPAS est le fruit de toutes mes recherches, il n'y a donc pas d'équivalent, car il est propre à mon parcours. Cependant, il existe des boites à outils qui effectuent certaines des tâches qui sont intégrées dans SPPAS. Maintenant, certaines technologies répondant à des problématiques similaires sont créés par d'autres chercheurs.

 

 

Merci à Brigitte Biggi d’avoir répondu à nos questions et pour le temps consacré.  

Découvrir SPPAS sur PostLab.fr